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rappela que les mariages avec des princesses étrangères n’avaient pas toujours été heureux pour la France et que Napoléon Ier, en répudiant Joséphine pour épouser l’archiduchesse Marie-Louise, avait divorcé non seulement avec sa femme mais avec son bonheur. Napoléon III prit donc l’épouse qui lui plaisait et si toutes les voix ne furent pas d’accord sur l’opportunité du choix, il n’y en eut qu’une pour reconnaître que la nouvelle Impératrice en était digne par les qualités du cœur et par sa beauté. Certainement, depuis Marie-Antoinette, jamais le diadème n’avait couronné une plus charmante tête, et l’Impératrice, par le culte qu’elle portait à l’infortunée Reine, et dans le soin qu’elle avait mis à recueillir tous les objets qui lui avaient appartenu, semblait vouloir s’identifier complètement avec elle. L’Impératrice avait, dit-on, le pressentiment de finir d’une manière aussi tragique, et les événements de septembre 1870 ont prouvé qu’elle ne s’était pas complètement trompée.

Mon père, comme je l’ai dit plus haut, était juge d’instruction au tribunal de la Seine, à la fin de l’Empire. Il m’a raconté qu’un jour l’Impératrice, accompagnée d’une dame d’honneur, vint inopinément et incognito, pour voir à la Conciergerie le cachot de la Reine.