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parlait assez souvent aux sous-officiers et il offrait à chacun un cigare. Comme je mettais de côté celui qu’il m’avait donné, avec l’intention de le conserver : « Il faut le fumer maintenant, » me dit l’Empereur de sa voix douce et un peu traînante.

C’était un ordre. J’allumais le londrès et tous mes camarades m’imitèrent.

Le goûter fini, l’Empereur repartait pour Paris dans un char à bancs à quatre chevaux, attelés en poste. Les postillons portaient le chapeau de cuir noir, la veste verte galonnée d’or et le brassard avec une plaque aux armes impériales, la culotte de peau jaune et la botte forte ; de plus, les boucles d’oreilles en or, la poudre et un nœud en soie noire attaché au collet qui imitait le catogan Louis XV.

Je n’ai malheureusement jamais assisté, à Fontainebleau ou à Compiègne, à une chasse à courre de l’Empereur, ni à la curée froide qui se faisait le soir à la lueur des torches et au son des trompes dans la cour du château. Ce spectacle était, paraît-il, magnifique. Les hommes de la vénerie de l’Empereur avaient été à bonne école ; ils sortaient presque tous de la maison de Condé ou de chez nos maîtres d’équipages les plus émérites. « Lorsque, aux chasses à courre, nous dit M. de