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J’étais resté à cheval avec la moitié de l’escadron tenant en main les chevaux des rabatteurs et nous étions rangés en bataille devant le pavillon de la Muette. Par la porte ouverte on apercevait les préparatifs d’un lunch qui attendait les chasseurs dans la salle du rez-de-chaussée.

Le nombre des victimes de ces chasses impériales, véritables massacres de gibier, s’élevait en général à quatorze ou quinze cents pièces, que les hommes de la vénerie et les gardes sortaient de petites voitures à bras qui avaient suivi les chasseurs, et qu’ils rangeaient par terre devant le pavillon.

Le mess des officiers recevait le soir plusieurs lièvres ou faisans, les sous-officiers un lièvre par table de huit et les simples lanciers un lapin par escouade, plus un petit supplément de solde le jour du prêt. L’hôpital de la ville aussi n’était pas oublié.

L’Empereur revint vers quatre heures. Il passa lentement devant nous, suivi de ses invités. Vêtu d’un pardessus gris, il était coiffé d’un chapeau noir bas, de forme ronde, dans le ruban duquel était plantée une petite plume de faisan. Il portait son fusil sur l’épaule et fumait une cigarette. Je lui trouvai l’air triste et fatigué.

Avant d’entrer dans le pavillon, l’Empereur