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oiseaux, printemps. Tout à coup il s’éveille et retombe lourdement en pleine réalité comme le dit la dernière strophe :

Puis plus rien ! qu’un réduit enfumé triste et sombre,
Quelques soldats ronflants, les deux mains à leurs fronts ;
Le gardien du beffroi, jetant l’heure dans l’ombre,
Et moi le corps brisé sous le poids des chevrons !

Ces vers peignent admirablement ce que devaient éprouver ces jeunes gens de famille, entrés dans l’armée avec foi en l’avenir et condamnés, soit par leur faute, soit par les circonstances, à prendre leur retraite après vingt-cinq ans de service avec la modeste sardine. Aujourd’hui ce type a complètement disparu de notre jeune armée. Je le regrette, car ces vieux braves entretenaient les traditions militaires et par leur exemple contribuaient à former le beau corps des sous-officiers de cette époque, véritable cheville ouvrière de l’armée.

Au mois d’avril 1865, les six mois de service exigés étant révolus, je fus nommé brigadier au 2e escadron. C’était un bon début, et la joie de mon père égala la mienne à l’annonce de ces premiers galons.

Mon excellent colonel me fit venir chez lui peu de temps après et m’annonça qu’il allait me nom-