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convenu, un « à droite » et « en avant ». On fit immédiatement, dans chaque escadron, « pelotons à droite, au galop » ; et cette masse de cavalerie, plus de quatre-vingts escadrons, se porta à cette allure vers les souverains. Arrivés à vingt pas de l’état-major impérial, les escadrons s’arrêtèrent court, présentant le sabre, et le cri de : « Vive l’Empereur ! » s’étendit sur toute la ligne.

L’effet fut magique et sur les illustres hôtes de Napoléon III et sur le public qui ne s’attendait pas à ce mouvement final. Le czar et le roi de Prusse se penchèrent vers l’Empereur, dont un éclair de satisfaction illumina à ce moment l’impassible visage, et ils lui serrèrent les mains avec effusion[1].

Après la revue, le roi de Prusse montant en voiture avec l’Impératrice l’accompagna à Saint-Cloud. Dans une autre voiture prirent place Napoléon III et le czar qui faillirent, dans le bois de Boulogne, être victime du Polonais Berezowski. La balle du régicide atteignit à la bouche le cheval de l’écuyer de service M. Raimbaux, qui se tenait à la portière. Le jury de la Seine,

  1. Le hasard voulut que les lanciers après la marche au galop se trouvèrent juste devant les souverains. Mon escadron s’étant arrêté à vingt pas de l’Empereur, il me fut très facile de voir l’impression produite sur l’état-major impérial par ce beau mouvement de cavalerie.