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vais. Mais il était surtout connu sous le nom de père Gervais. Il datait du roi Louis-Philippe, dont il avait du reste la tête, et il boitait légèrement.

Pendant l’Exposition, au moment de la présence à Paris de tous les souverains, il y avait un véritable coup de feu. J’entends encore le père Gervais disant à ses hommes : « Allons, vivement, vous savez qu’à 11 heures et demie vous avez la bouche du roi de Prusse. »

Il portait l’habit marron à la française avec des boutons en acier bleuté, contrairement à la livrée des domestiques qui était vert et or. Les jours de gala il nous apparaissait en culotte courte, souliers à boucles, l’épée à poignée d’acier au côté et la chaîne d’argent au cou. Ce brave homme prenait toujours les jeunes maréchaux des logis sous sa protection. Un jour, me voyant refuser d’un plat qui avait fort bonne apparence, il se pencha vers moi et me dit à l’oreille un : «  Vous avez tort » qui me fit me raviser.

Le sous-officier de cent-gardes ne manquait jamais de vous dire, en souriant, lorsqu’on le pressait d’entrer le premier dans la salle à manger : « Passez, Messieurs, je vous en prie ; je suis de la maison. » Un paravent dissimulait notre table, car, pour la facilité du service, la porte de la salle à manger des officiers restait ouverte et