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solitaire à ce moment de la journée, elle paraissait énorme. Le soleil en se couchant répandait sa douce lumière sur l’arc de triomphe du Carrousel et sur les immenses bâtiments du Louvre reliés au château depuis l’Empire. Cet ensemble de palais était unique en Europe. Sous le pavillon de l’Horloge se tenaient un suisse à la livrée impériale et des piqueurs tout bottés, prêts à monter à cheval. De chaque côté de l’entrée, deux factionnaires de l’infanterie de la Garde. Lorsqu’on pénétrait sous la voûte en venant de la cour du château, on avait à droite le bel escalier montant à la salle des Maréchaux, sur chaque marche duquel se tenait les jours de bal un cent-garde en grande tenue. A gauche, une immense tapisserie des Gobelins fermait l’entrée des appartements de l’Empereur et de l’Impératrice. Entre les plis de la lourde draperie se détachait la magnifique tenue bleu de ciel et le casque à crinière blanche du cent-garde en faction, immobile et appuyé sur sa carabine dont le grand sabre droit formait l’immense baïonnette.

Le silence le plus profond régnait sous cette voûte, et lorsque par hasard on s’y aventurait, on était saisi de respect comme lorsqu’on entre dans une église.

« Chaque jour à la table de l'Empereur, nous