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— Canadienne-française.

— Connais pas. Votre passeport.

Boureil le lui tendit aussitôt. L’officier l’examina, et relevant la tête :

— Que ne le disiez-vous pas tout de suite que vous êtes sujet britannique ?

Boureil se jura de ne plus lire que ce qui est écrit pour éviter que l’esprit fît encore mentir la lettre.

Il sortit de la gare Saint-Lazare avec une foule de touristes américains bientôt dispersés dans Paris comme une sève brute.

Lui, Philippe Boureil, se sentait déjà plus chez soi qu’en sa ville natale. Pas de panneaux-réclames ni de poteaux indicateurs en anglais. Du français partout dans l’air. À peine les voix le surprenaient-elles un peu : elles ne correspondaient point aux figures familières. C’était comme si une flûte avait émis un son de cor ; si un fifre, un son de trombone.