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familiarité générale sinon un esprit de famille.

Le sixième jour, quelqu’un cria : terre ! et l’on se pressa contre le bastingage. Boureil monta sur une chaise : là-bas s’offrait à sa vue la première image du sol de France, qui, peut-être, trois cents ans plus tôt, avait été la dernière que pût se rappeler son ancêtre français : une ligne plus bleue que le ciel et que la mer.

Le premier à monter à bord fut un garçonnet de sept ou huit ans, qui venait au devant de ses parents. Il fit sur Boureil une profonde impression, car il se prit à nommer tout ce qu’il voyait sur le paquebot avec les termes propres… Telle fut la première leçon, et elle avait été donnée par un petit Juif.

La deuxième leçon ne se fit guère attendre. Un officier de l’immigration demanda à Boureil :

— Nationalité ?