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LA NEIGE


long des deux grosses branches, il regarda un canoë qui s’éloignait, laissant pour sillage un long fil d’argent. Une araignée avec sa victime.

Quand Philippe Boureil ne distingua plus sa femme, il quitta son poste et se prit à marcher dans l’île, d’un pas pesant. À une lagune solitaire, il s’arrêta, malgré l’odeur fétide qui s’exhalait du lieu et les pizzicatis énervants des crapauds cachés parmi les quenouilles. Rêvait-il ?

*

Le ciel était pur. Les feuilles du bouleau clignotaient dans le soleil. Réveillé par les écureuils qui prenaient leurs ébats sur le toit, Boureil restait étendu sur son lit, tout oreille, les yeux fixés au plafond en pente. Le vent entrait par une fenêtre et sortait par l’autre, comme un joueur maladroit qui souffle dans les trous d’une flûte. « J’ai faim », se dit-il. Il se leva et cria :

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