Page:Baillargeon - La Neige et le feu, 1948.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ces propos en rappelaient d’autres qu’il avait tenus jadis. Se servant de l’hyperbole comme d’un exorcisme, Chiron exténuait son mauvais esprit en le poussant à bout. Cependant, s’il montrait encore les dents, ce n’était évidemment plus que pour rire.

— As-tu déjà prononcé toi-même une conférence ?

— Une, oui. Je me jurai bien de ne pas recommencer ! Les comptes rendus des journaux du lendemain et les comptes du médecin, du dentiste et du pharmacien alertés m’en ont guéri une fois pour toutes.

— Tu te venges bien.

Chiron finissait de boire, deux doigts levés :

— Le conférencier dit généralement n’importe quoi et se montre enchanté qu’on lui fasse dire n’importe quoi d’autre dans le journal : il y gagne.