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un géant partout. » Une chose, pourtant, ne le faisait pas rire : la robuste santé du sous-chef : « Un esprit sain, c’est un bibelot ; un corps sain, c’est une brute. Le pot de terre et le pot de fer. L’un casse l’autre. »

Quand Oscar Lefébure, le sous-chef, invoquait son expérience, il se rengorgeait le plus possible. Car, dans l’administration, l’expérience est presque tout, bien qu’il ne faille la confondre ni avec la compétence ni avec rien de semblable. Mais il y a une autre force occulte bien supérieure, qui est l’influence. On ne prononce jamais ce dernier mot sans ressentir et sans provoquer dans son entourage une horreur sacrée. Telle est la cause première qui explique tout et qui est inexplicable. Or, quelques jours auparavant, Lefébure avait appris de son chef que Boureil avait été placé par l’entremise de Me Saint-Ours. Si Voyer n’avait pas été là encore, il serait venu le même jour dans le