façon, nous avons réussi à ne pas devenir anglais bien plus qu’à demeurer français.
— Entre nous, fit Chiron, ce n’est pas très français que de vouloir être trop français. Voltaire, homme de l’univers comme il aimait à s’appeler, est bien plus fidèle au génie de sa race que les nationalistes de France et du Canada.
Saint-Ours, comme à la tribune, déclama :
— Est-il possible de conserver rien sans créer ? Et qu’avons-nous voulu tant conserver ? La langue de paysans du XVIe siècle et la foi du charbonnier. Résultat ? Au parlement, à l’usine et dans les maisons d’affaire, on parle anglais. On parle encore français à table et à l’église. Mais, peu à peu, les mots se vident de leur signification. Notre langue maternelle finira par n’être plus qu’une langue d’église. Précieux débris sauvé par des prêtres, elle s’est imprégnée de mysticité…