Page:Baillargeon - La Neige et le feu, 1948.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


II

Une démarche humiliante


Chiron travaillait entre des piles de numéros invendus, dans une lumière poussiéreuse. Sa table était remplie de lettres déchirées, d’articles réduits en boulettes ; son panier et son crachoir en cuivre débordaient de papiers froissés. En entrant dans son bureau, on aspirait une odeur fade de cigarettes anglaises et d’eau de Javelle.

— Alors, dit Boureil, te voici directeur du Tocsin, et vicaire de Saint-Ours. Comment t’accommodes-tu de ce dernier ?

— Saint-Ours a pour lui une bonne taille, une voix nasillarde et une grossièreté intellectuelle des plus sympathiques dans les milieux influents de la province. D’abord il m’a porté ombrage, et j’ai manqué d’en