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lors, on en use pour tromper le temps et les gens.

« Songez encore aux motifs mesquins qui ont poussé la plupart des auteurs. Pascal écrivait ses admirables traités pour distraire son mal de dents. Que de belles choses écrites par vengeance, par ambition, par courtisanerie, par besoin d’argent ! Les véritables préfaces déshonoreraient presque toutes les œuvres. Croyez-m’en, vous feriez bien de renoncer tout de suite à la littérature, à ses œuvres et à ses pompes.

« Que n’a-t-il suivi son propre conseil ? » vous dites-vous peut-être. Hélas ! J’ai voulu me débarrasser de mon envie d’écrire par la perfection. C’était me condamner à n’en plus finir. Car celui qui ne tend pas toujours à un plus haut degré de perfection ne connaît pas ce que c’est que la perfection. La recherche de la perfection est la poursuite de la mort… Du moins n’ai-je donné jamais