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nières œuvres. Besoin était de crier sur les toits ce qu’il avait à dire.

« Devant l’indifférence du public et la malveillance de la critique, l’écrivain victime de leurs préjugés persévère : il n’a pas choisi sa vocation ; bon gré mal gré, il écrit. Mais la publication, cet acte généreux, car c’est le don de soi-même, lui coûte de plus en plus. Aussi arrive-t-il qu’il s’écœure, et se condamne au silence. Après l’échec de Phèdre, Racine s’est tu. Le public a déjà sur la conscience plus d’un assassinat de ce genre.

« Même si l’écrivain ne se décourage point, il ne pourra se passer indéfiniment de la demande publique : ses ennemis le savent. Vient le jour où ses manuscrits lui sont renvoyés. L’éditeur ne peut pas longtemps se contenter de son offre. Nietzsche, qui n’a jamais eu plus de trois cents lecteurs avant de perdre la raison, ne trouva personne qui