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puisque tous les interlocuteurs commencent par dire : moi, si ce pronom personnel ne revenait aussi souvent que la virgule et le point ; il semble être lui-même un signe de ponctuation servant à tous les usages.

Boureil s’étonnait que fût du pays l’auteur de la parole célèbre : Le moi est haïssable. Il n’y a endroit au monde où on le haïsse moins qu’en France. Il est vrai que le mot de Pascal commence lui aussi par moi.

Boureil expliqua ce phénomène ainsi : le lycée attache bien chacun à sa petite personne. À nos collégiens, au contraire, on impose un moule commun ; d’où série de bons garçons qui n’ajoutent que nombre à la société canadienne.

Les deux méthodes se défendent. Chez nous, les esprits qui réagissent s’affirment plus qu’en France, où d’abord l’on distingue à peine l’homme vraiment indépendant de l’imbécile individualiste.