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plus entre eux d’arrière-pensées, qui sont les pensées les plus noires.

Sitôt dans le corridor, les reproches qu’il venait d’exprimer apparurent à Boureil comme autant de préjugés absurdes, et il eut honte de leur avoir donné voix sans un examen sérieux. Comme pour se rattraper, imprudence pire que la première, il entra en coup de vent dans la chambre du P. Bondi, et déclara sans préambule : « Ceux qui mènent chez nous d’insidieuses campagnes de francophobie sont les profiteurs de l’ignorance du peuple. »

« Quelque étudiant français l’aura monté contre notre clergé », pensa le bon père qui prit un parti semblable à celui de Poillon : laisser passer l’orage. Nul ne connaissait mieux que lui les faiblesses du corps incriminé ; mais il en connaissait aussi les vertus. Il souffrit en silence les critiques de Boureil ; quand ce dernier se fut tu, il prit la défense.