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table, sans lui demander la raison de son intrusion, comme si l’amitié les réunissait à cette heure. La conversation commençait sous les meilleurs auspices.

Ce ne fut pas Poillon qui se montra désagréable, mais Boureil qui dit tout ce que les Canadiens ont sur le cœur contre leur mère-patrie, fournissant ainsi à son interlocuteur l’occasion de les juger défavorablement sur leur rancune.

Poillon regrettait les quelques boutades qui lui avaient échappé contre certains étudiants issus d’un petit peuple dont l’histoire commande la sympathie. À certaines injustices ou négligences citées, il avait eu envie d’apporter des excuses propables ; mais il avait laissé dire jusqu’au bout. Et il avait bien fait. Tout Français doit d’abord écouter les Canadiens avec la patience du confesseur s’il veut qu’il n’y ait