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Deus cui ſoli competit.

O Dieu, qui ſeul requis même apres le trépas
Peus, come tu es riche en clemence benine,
Doner aus decedés parfaite medecine,
Gardant que leurs erreurs ne les acablent pas :
Mon oraiſon entan, que d’vn cueur humble & bas,
Mais rehaußé vers toi pour vne âme treſdine,
I’adreſſe à ta pitié : Qui iamais ne défine,
Qui touiours eſt ouuerte à nos plaintifs helas.
Fai, que de ton ſeruant, qui brullé d’vn bon zele
Son ſang te répandit ſouillant tes ennemis,
L’âme néte lauée au tien ſe renouuele.
Fai, que tout repurgé d’ordures terrïénes,
Au ranc de tes élus ton loial etant mis,
De ta Redemtion en la part tu retienes.

Saluete.

Dieu te garde en ſa paix, gentile âme loiale,
Dont le cors ici bas en guerre maſſacré,
Soufrit hors du combat l’aſſaſſin execré,
Par ſoldats apoſtés de façon déloiale.
Bien heureus, qui ſuiuant la volonté Roiale
De ſon Prince à ſon Dieu ſaintement conſacré,
Dans la certéne mort ſe ieta de bon gré !
Qui te rendra louange à ton merite egale ?
Le Seigneur
xxIesv-Christ, qui nous a rachetés
De ſon precieus ſang, des pénes te déliure
Que pouroient deſſeruir tes pechés reietés.
Et te méte au troupeau des Anges glorieus :
Où tu prîras pour nous, que ſi bien puiſſions viure,
Que mourans reuiuions immortels dans les cieus.