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Diri vulneris nouitate.

Soufrant d’vn nouueau mal la cruële bleſſure,
Et d’vn dueil trop amer nauré dedans le cueur,
En lamentables cris, du monde ô le Sauueur,
Ta grand’ miſéricorde & i’implore & i’adiure.
Fai que de mon Ami l’âme néte d’ordure,
Recourant à toi ſeul le ſourjon de douceur,
Pour ſes poignans remors trouue vn remede ſeur.
Te plaiſe ô Createur ſauuer ta créature.
Reçoi-la doucement en ta grace eternéle :
Et s’elle retenoit de la bourbe chernéle
Quelque nuiſible tache, humain éface-la.
Pardone lui du tout, & ſon salut aſſeure :
Et tant que de ſon cors retourne en la demeure,
De tes Saints bien heureux aus bandes place-la.

Requiem æternam.

Done lui, Seigneur Dieu, le repos eternel :
Fai luire deſſur lui pour iamais ta lumiere :
Son âme entre les bons par ta faueur entiere
Demeure pour iouir du vrai bien perennel.
N’entre pas, Seigneur Dieu, toi iuge ſupernel,
En iugement exquis d’vne auſtere maniere,
Encontre ton ſeruant. Nul qui entre en la biere
Ne ſe iuſtifira dauant toi criminel.
De la porte d’enfer tien son âme déliure :
Exauſſe ma requeſte ô Seigneur. Ma clameur
Paruiene iuſqu’a toi, qui les morts fais reuiure.
La reſurrection bien heureuſe il obtiene :
Si que dedans les cieus, par toi
Christ le Sauueur,
En la vie eternele immortel il paruiene.