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CONDILLAC

sophes du dix-huitième siècle, si imbus de la toute-puissance de la science ; et il a répété souvent que la seule chance que l’on avait de ne pas se tromper, c’était de suivre en tout sa méthode d’observation.

« Le péché originel, dit-il dans son premier ouvrage[1], a rendu l’âme si dépendante du corps, que bien des philosophes ont confondu ces deux substances… Avant le péché, elle était dans un système tout différent de celui où elle se trouve aujourd’hui. Exempte d’ignorance et de concupiscence, elle commandait à ses sens, en suspendait l’action et la modifiait à son gré… Dieu lui a ôté tout cet empire… De là, l’ignorance et la concupiscence. C’est cet état de l’âme que je me propose d’étudier, le seul qui puisse

  1. Essai sur l’origine des connaissances humaines, chap. Ier, p. 24. Tome Ier des Œuvres complètes (édit. de 1798).