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« C’est vrai, je ne pensais pas à cela. Jamais, non ; jamais je n’abandonnerai votre mère. Vous avez raison, mes chers petits, notre place à vous et à moi est ici. Nous y resterons. »

A partir de ce moment, Michel reprit goût à son exploitation, et ne songea plus qu’à consacrer tout ce qu’il avait de force, d’intelligence et de cœur à poursuivre énergiquement avec l’aide de son fils le succès de l’entreprise où il avait mis la plus grosse partie de son avoir et de celui des siens.

Malheureusement, la situation était critique. Les travailleurs indigènes, à peine arrivés, ne tardaient pas à s’esquiver, la nuit tombée, pour ne plus revenir ; d’autres étaient rappelés directement dans leur village ou ailleurs sous prétexte de corvée royale, le fanampoana (prononcez fanampouane) auquel nul ne doit se soustraire. Michel en vint à croire que le Premier Ministre, ou tout au moins ses fonctionnaires provinciaux, notamment le gouverneur du Boueni, Ramasombazah, s’étaient juré de le décourager et de le forcer à jeter le manche après la cognée ; en quoi du reste il ne se trompait guère. En effet Rainilaïarivony n’a qu’une idée, c’est de ne pas laisser les Européens prendre pied à Madagascar. Par amour de l’argent, pour toucher le cautionnement et sa part dans les bénéfices, il se laisse entraîner parfais à accorder quelque concession, mais il n’a de cesse que les concessionnaires n’aient renoncé d’eux-mêmes à poursuivre l’expérience ; pour les y amener, en dehors même de la corvée, il n’y a pas de vexation, de provocation qu’il ne leur fasse subir, entravant tant qu’il le peut leurs transactions commerciales, allant même parfois jusqu’à susciter