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En voyant l’installation de Michel, si confortable et si intelligemment agencée, avec une si parfaite entente des exigences du climat, le docteur ne comprit pas tout d’abord comment la catastrophe avait pu se produire. Pour en avoir l’explication, il se fit conduire à Maevasamba, et à l’espèce de cimetière, situé à l’extrémité du village, où Mme Berthier avait suivi le cortège du vieux Raleidama. Là, il s’aperçut que ce cimetière se trouvait placé sur un versant déboisé de la colline où le village était construit, et qu’au bas de ce versant se creusait un vallon étroit qui semblait se prolonger assez loin. Il s’informa et son guide lui apprit que ce vallon aboutissait par l’une de ses extrémités au lac Solipana. Il comprit tout alors. Les abords de ce petit lac sont très marécageux, et, lorsque le vent vient de ce côté, il se charge de miasmes paludéens qu’il peut transporter fort loin, n’étant plus arrêté au passage par l’épais rideau des arbres brûlés par les habitants des villages voisins.

Malheureusement Michel n’avait point remarqué cette disposition particulière du terrain, et se croyait très suffisamment garanti par la distance qui le séparait du lac marécageux. C’était le seul coin dangereux des environs immédiats de l’habitation, et la fatalité avait voulu que ce fût précisément là que Mme Berthier eût été entraînée par la curiosité d’assister aux obsèques du vieux Sakalave.

« Vous voyez l’effet de cette rage de déboisement sans logique et sans mesure ? dit le docteur Hugon au vieux Daniel, en lui rapportant les résultats de son enquête. Il n’y a pas d’indigène qui hésiterait à mettre le feu à des forêts de cinq ou dix lieues, uniquement pour