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la place aux Vasahas ; d’autant que, Michel s’étant montré fort généreux lors de son premier passage, l’intéressant et intéressé Raleidama – tel était le nom du propriétaire susdit – flairait une seconde aubaine non moins copieuse.

Cette grande case, grande relativement pour le village, ne comportait que deux pièces ; la plus vaste fut abandonnée à Mme Berthier et à sa fille, Michel et Henri se contentèrent de l’autre. Quant aux bagages, sauf les couchettes et quelques objets de valeur, ils furent entassés provisoirement dans une seconde case voisine de la grande et confiés à la garde des six domestiques indigènes.

Le premier repas des futurs colons fut dressé, vu l’extrême douceur de la température, sur le devant de leur nouvelle habitation, en présence de tous les habitants du village attirés par la curiosité. Les femmes surtout étaient accourues en foule ; plus sédentaires que les hommes, elles ne descendaient pas souvent à la côte et n’avaient pas encore eu l’occasion d’apercevoir des blancs. La vue de chacun des ustensiles dont se servaient ceux-ci pour manger leur arrachait des cris de surprise ; les allumettes surtout eurent un vif succès auprès d’elles, car les Sakalaves allument encore le feu en frottant rapidement deux morceaux de bois l’un contre l’autre. Ces gens semblaient d’ailleurs d’humeur douce et sociable, et leur attitude était plutôt sympathique aux étrangers. Marguerite ayant eu l’idée de distribuer à des petites filles qui les regardaient avec de grands yeux ahuris une pleine assiettée de gâteaux secs, la foule finit par s’apprivoiser tout à fait.