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que nos voyageurs avaient traversé la veille en pirogue et qui va se jeter dans la baie de Narinda ; et enfin, au sud, par un affluent de la rivière Sofia, dont l’embouchure est au fond de la baie Mahajamba. Malgré l’abondance de cette eau bienfaisante sans laquelle il n’est pas de pays fertile, il n’y avait pour ainsi dire pas de culture, les indigènes préférant se livrer à l’élevage des bœufs qui, se nourrissant et se reproduisant tout seuls, n’exigent par conséquent de leurs propriétaires d’autre peine que d’envoyer marquer de temps en temps à l’oreille les nouveaux venus du troupeau. En somme, un pays absolument neuf, où tout était à créer, où jamais aucune exploitation sérieuse n’avait été entreprise.

Pendant cinq jours, nos explorateurs parcoururent en tous sens dans leur filanzane les quarante kilomètres de la concession, revenant chaque soir à leur quartier général de Maevasamba. Un soir cependant ils furent retenus au village de Befandriana, à l’extrême limite ouest de la concession, et ils y passèrent la nuit. Le vieux Daniel y avait quelques relations qui pouvaient être utiles un jour ou l’autre à son neveu. A la tombée de la nuit, au moment où ils s’apprêtaient tous deux à prendre leur repas, le gouverneur de Befandriana se présenta à la porte de la case où ils étaient installés pour leur faire visite. C’était un gros homme d’aspect assez vulgaire, vêtu d’une façon ridicule, moitié à l’européenne et moitié à la malgache, les pieds nus dans un pantalon noir à bande d’argent et un grand lamba rayé noir et blanc par-dessus un dolman de chasseur à cheval. II amenait avec lui un veau dont il voulait faire hommage aux deux Vasahas. A la grande stupéfaction de Michel, le vieux Daniel,