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fait des chapeaux ; je n’en porte pas d’autres ; regarde-moi celui-ci, n’est-il pas aussi souple, aussi doux sous le doigt que le panama ou la paille d’Italie ? Voici encore de la sparterie, des corbeilles assez coquettes ma foi ! des petites bottes enluminées qui entrent les unes dans les autres, et tout cela est fabriqué dans l’Imerina avec des zozoros découpés en lanières très minces.

Maintenant, un autre produit de l’industrie malgache. Vois un peu mes cuillères, mes fourchettes, mes assiettes et jusqu’à mes verres à liqueur. En corne, oui, mon cher, tout en corne. Dame ! tu penses bien que ce n’est pas chez Chrislofle que je me fournis, mais enfin, tel quel, tout cela fait parfaitement mon affaire. Et si tu savais avec quelle adresse nos indigènes arrivent à donner les formes qu’ils veulent à cette matière première assez réfractaire, en la découpant d’abord en lames plus ou moins épaisses, puis en l’enfermant dans des moules en bois après l’avoir fait chauffer pour l’amollir ! Nous avons également nos poteries ; mon Dieu ! elles ne sont pas bien extraordinaires, mais enfin elles nous suffisent tant bien que mal pour les usages de la vie courante ; la terre en est excellente, c’est plutôt la cuisson qui laisse à désirer, nos potiers visant à l’économie et ménageant leur combustible ; aussi est-on obligé de renouveler assez fréquemment son approvisionnement. Tu peux remarquer qu’en général ces poteries ne sont pas vernissées ; voilà toutefois des assiettes à pied qui sont revêtues d’une couche de manga-rans, c’est-à-dire en bon français de mine de plomb. Les formes ne sont pas très originales, je l’avoue ; cependant voici une grande cruche au col un peu étranglé qui ne manque pas d’un certain caractère, elle