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vu sans doute dans ton voyage, au passage des cours d’eau, les pirogues de la reine, comme on les appelle : eh bien ! ces longues embarcations à peu près insubmersibles sont creusées par les indigènes dans un seul tronc d’arbre, à la hache d’abord, puis au feu ; d’autres pirogues, qui servent au chargement et au déchargement des navires et qui supportent fort bien la mer, sont formées tout simplement de planches cousues très adroitement ensemble avec des lianes. Il y a aussi les rabanes en rafia et les nattes en jonc, dont la confection est particulière à l’Ile. Les rabanes, tu le sais déjà sans doute, ce sont des pièces d’étoffe fabriquées avec les fibres intérieures d’une espèce de rafia, la vacana, lesquelles se détachent dans toute leur longueur en filaments aussi minces qu’on le désire. Avec ces rabanes on fait des vêtements de travail et des tentures pour l’intérieur des cases et des maisons. Tiens ! entrons : tu vas voir quel parti j’en ai tiré. Regarde : y a-t-il rien de plus frais, de plus doux à l’œil ? Et ces nattes, toutes grossières qu’elles te paraissent, ne remplacent-elles pas avantageusement vos planchers froids et glissants ? On les fabrique avec ce que nous appelons du zozoro ; c’est une espèce de jonc, fin, souple et tenace, qu’on trouve au bord des marais et dans les bas-fonds. Ils servent à mille usages différents : la nappe sur laquelle nous avons déjeuné ce matin, du zozoro ; les draps du lit dans lequel tu as dormi cette nuit, du zozoro encore ; seulement ces nattes-là sont les plus fines et les plus chères, elles sont d’un travail véritablement remarquable ; il n’y a que les Betsileos et les Betsimisarakas qui soient capables de les fabriquer. Mais ce n’est pas tout : avec ce même zozoro on