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« Toujours, répondit-elle en réprimant un léger sourire. Comme je te l’ai dit, je suis prête à partir avec toi, ou à rester ici, selon ce que tu auras résolu. La seule chose à laquelle je me refuse, c’est de nous séparer.

— Comme tu ne me parlais plus de ce départ, je supposais que peut-être tu avais renoncé à le prendre au sérieux.

— Je n’ai renoncé à rien du tout. Mais toi-même, es-tu donc décidé ?

— Ma foi ! presque.

— Bien vrai ?

— Bien vrai !

— Alors je n’ai plus de raison de te cacher que j’en suis ravie. Je ne voulais pas t’influencer ; mais ça aurait été pour moi une grosse désillusion, si finalement tu n’avais pas pu te résigner à quitter Paris.

— Voilà qui est singulier, par exemple ! Car enfin c’est pour toi surtout que je redoutais cette grave résolution. J’étais loin de penser que tu serais la première à l’accepter de bon cœur.

— C’est que tu ne te doutes pas combien j’ai souffert des transes continuelles que m’occasionnait ton métier de spéculateur. Oh ! cette Bourse, que de nuits blanches elle m’a fait passer ! A chaque liquidation, je te voyais si agité, si nerveux, que je tremblais pour notre situation, pour l’avenir de nos enfants. Aussi la pensée que tu pouvais en finir une fois pour toutes avec cette dangereuse profession a-t-elle été pour moi une véritable délivrance ; et ce départ pour Madagascar sera le bienvenu, puisqu’il mettra un terme définitif à toutes mes inquiétudes. »

A partir de ce jour, les ouvrages spéciaux sur la grande île,