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l’Extrême-Orient, où il fait beaucoup plus chaud qu’à Madagascar, et qui ne s’en portaient pas plus mal. A plus forte raison peut-on vivre, et vivre très vieux, ici, à condition de se garder du voisinage des marais et des eaux stagnantes et de ne pas s’exposer directement aux rayons du soleil qui sont mortels. En adoptant le casque colonial de moelle de sureau, les costumes de laine blanche, les manteaux de caoutchouc ; en ne faisant qu’un usage extrêmement modéré des alcools ; enfin en observant avec soin toutes les pratiques hygiéniques, on n’a pas grand’chose à craindre, sauf bien entendu le chapitre des accidents toujours possibles. La meilleure preuve, c’est que depuis dix ans ma seule maladie a été l’attaque de fièvre qui fut la cause première de mon installation à Manakarana et qu’avec mes soixante-deux ans bien sonnés j’ai encore, Dieu merci ! bon pied, bon œil, bonnes dents et bon estomac. Tu vois que la proposition que je te fais de venir vivre avec moi n’offre guère que des avantages. Ne te décide pas toutefois sans y avoir réfléchi mûrement. Je n’ai pas besoin d’ajouter combien ton acceptation me rendrait heureux. Tu es à toi seul toute ma famille, que je sache, et je ne voudrais pas partir pour mon dernier voyage sans t’avoir revu. Aussi le jour où j’assisterai à ton débarquement sur notre petite plage, en face de mon comptoir, je t’embrasserai de bon cœur, tu peux en croire ton vieil oncle affectionné.

DANIEL BERTHIER-LAUTREC.


P.-S. – J’y pense, en me relisant. Depuis le temps que je n’ai entendu parler de toi, peut-être t’es-tu marié, peut-