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— Certes. C’est six mois au moins qu’il me faudra pour remettre les choses au point. Aussi je me reproche amèrement de m’être acoquiné si longtemps ici. Mais que voulez-vous ? Je me suis si bien habitué à me laisser câliner et dorloter par ma petite-nièce que je me demande comment je vais faire pour m’en passer. J’ai besoin d’entendre autour de moi son gazouillement d’oiseau, son trottinement de souris. Et puis, je me sens trop vieux pour recommencer à vivre seul, à travailler dans mon coin comme un ours. Je ne peux pourtant pas abandonner ma maison et tous les braves gens qu’elle fait vivre, sans parler des bénéfices qu’elle me rapporte. J’aurais bien un moyen d’en sortir, ce serait de passer la main à un brave garçon, honnête et laborieux, qui m’offrirait des garanties sérieuses. Oh ! je ne serais pas difficile sur les conditions, je vous prie de le croire. Mais j’y pense, au fait. Pourquoi ne traiterions-nous pas ensemble ? C’est vrai ; on cherche quelquefois bien loin… Savez-vous que vous feriez admirablement mon affaire ? Laissez-moi parler. Je devine ce que vous allez me dire. Mais on peut toujours causer, ça n’engage à rien. Supposez un instant que nous nous arrangions ensemble. Je ne vous demande pas d’argent comptant, puisque vous n’en avez pas. Vous me réglez par annuités, après l’inventaire, en gardant, bien entendu, un fonds de roulement suffisant. C’est une sorte d’association que nous concluons ensemble. Je vous cède la direction de ma maison, et je deviens votre commanditaire. Vous me direz que vous n’avez jamais fait de commerce ? Bah ! Ce n’est pas la mer à boire, vous verrez ! Sans compter que je serai toujours là, en cas de besoin, pour vous donner un coup d’épaule. Au surplus, la maison est