Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/282

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Ma famille n’est pas riche. Pour toute fortune, mon père possède, sur la route de Blois à Bléré, un domaine qui me reviendra plus tard, puisque je suis fils unique et que je n’ai plus ma mère. Mais c’est plutôt une propriété d’agrément qu’une propriété de rapport, elle suffit tout juste à faire vivre son propriétaire. En supposant même que mon père ait mis quelque argent de côté, pour rien au monde je ne voudrais le lui demander. Quant à m’adresser à des amis pour solliciter d’eux un prêt que je ne serais pas sûr de pouvoir leur restituer, ou simplement une participation dans une entreprise dont les résultats pourraient ne pas répondre aux espérances fondées sur elle, cela je le ferais encore moins.

— C’est bien ! c’est bien ! N’en parlons plus ! » conclut l’oncle Daniel, en rompant l’entretien avec sa brusquerie ordinaire.

Mais le vieil entêté tenait à son idée, et de voulait pas en avoir le démenti.

« C’est une combinaison à trouver, voilà tout ! » se disait-il à lui-même, en poussant rageusement du pied les cailloux de la route.

Tout d’un coup il s’arrêta, et assénant, dans sa joie, un énorme coup de canne à un pauvre massif de fougères qui n’en pouvait mais, il s’écria :

« Mais je la tiens, ma combinaison ! »

Puis, d’un pas vif comme celui d’un jeune homme, il reprit le chemin de la maison. Tout en marchant, des paroles sans suite lui échappaient :

« Est-on bête, mon Dieu !… Dire que je l’avais sous la main, mon moyen, et que je n’y pensais pas !… Est-ce que cela n’était pas tout indiqué ?… Il n’y aurait peut-être même