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il ne comptait rester que très peu de jours avec ses amis.

Une semaine après, il y était encore cependant, ses hôtes s’étant absolument refusés à lui permettre de partir aussi hâtivement. Lui-même, d’ailleurs, s’était laissé retenir d’autant plus volontiers qu’il avait pris tout de suite un intérêt très grand aux divers travaux de la concession, dirigés par Henri avec beaucoup d’intelligence et d’activité. Tout ce qu’il voyait dans ce coin de l’île lui montrait les ressources et l’avenir de ce beau pays sous un aspect tout nouveau, et il ne tarissait point en exclamations de surprise et d’admiration.

Cet enthousiasme inattendu du jeune officier donna à réfléchir à l’oncle Daniel, qui se mit aussitôt dans la tête de lui persuader de se fixer définitivement, comme eux et avec eux, à Madagascar.

Mais, aux premiers mots qu’il dit à Georges Gaulard, celui-ci l’arrêta net.

« Je n’ai guère que ma solde pour vivre, dit-il ; et, si je quittais jamais l’armée, je serais obligé de chercher un emploi lucratif ; à plus forte raison n’aurais-je pas d’argent à mettre dans une exploitation comme celle-ci, qui nécessite naturellement un fonds de roulement important, sans parler des frais de premier établissement qui doivent être considérables.

— Bah ! l’argent, ça se trouve ! répondit le vieux Daniel un instant déconcerté, car il croyait l’officier très à son aise. Vous avez bien des parents, des amis qui ne se feraient pas prier pour mettre des fonds dans une affaire étudiée sérieusement et forcément rémunératrice dans un avenir très prochain.