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avoir escaladé non sans peine les rues hérissées de barricades, la colonne défile devant le Palais de la Reine, traverse la place d’Andohalo et pénètre enfin jusqu’au Palais de la Résidence générale, où le Général en chef va s’installer. On hisse aussitôt le drapeau français sur le faîte du palais.

Le peu que j’ai encore vu de la ville, en revenant prendre mon poste, ne m’enthousiasme guère. Le Palais de la Reine n’est pas joli, joli, comme architecture, ni celui du Premier Ministre non plus. Les maisons des riches bourgeois hovas sont d’un style bizarre ; avec leurs balcons, leurs perrons, leurs carreaux de couleur, elles me rappellent les constructions en bois qu’on donne aux enfants, chez nous, pour les amuser. Quant aux autres, elles sont toutes semblables, bâties en terre rouge, avec un toit en chaume ou en tuiles. Cette couleur rouge est générale dans la ville et même aux environs. Tous les villages que nous avons traversés étaient rouges, les maisons comme le sol ; seules, les rizières égayaient un peu le paysage. Quelle différence avec nos villages français si clairs d’aspect, si riants avec leur entourage de verdure !

A midi, une partie des troupes quitte la ville pour aller camper sur une hauteur, à l’ouest, avec deux batteries dont les canons sont braqués dans la direction du Palais de la Reine, et sur une autre hauteur, à l’est, avec deux autres batteries, histoire d’appuyer l’action diplomatique.

Pendant ce temps, les plénipotentiaires de la Reine, Razanakombana et Rasanjy, se rendent auprès du Général en chef, qu’assiste M. Ranchot. A cinq heures, tout est convenu et le traité signé. La paix est faite.