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Mais je pense que vous ne serez pas fâché d’avoir quelques détails sur nos dernières opérations, sur celles qui ont préparé et amené l’occupation de Tananarive. Nous nous sommes amusés, Henri et moi, à consigner au jour le jour sur notre carnet des notes sur la marche de la colonne. C’est avec ces notes sous les yeux que je vous écris un peu à la diable, en vous faisant grâce des renseignements techniques qui n’ont de véritable intérêt que pour nous.

En partant d’Andriba le 14, le Général en chef avait fixé formellement à la fin du mois l’entrée à Tananarive. Or, hier 30, à six heures du soir, nos couleurs nationales flottaient sur la terrasse du Palais de la Reine. C’est vous dire avec quelle précision mathématique nous avons marché. Chacune de nos étapes a été franchie, à son heure, sans que rien ait pu nous arrêter, ni les obstacles matériels, ni l’ennemi. La colonne était d’ailleurs d’un entrain admirable. Nous ne nous tenions pas de joie, parce que nous sentions que la campagne était entrée dans une nouvelle phase, que désormais nous allions avancer vite et que la fin de nos misères était proche.

Notre première rencontre sérieuse avec l’armée hova eut lieu à Ampotaka, le 15. Cette fois, l’ennemi a mieux résisté qu’à l’ordinaire. Commencée à six heures, l’affaire ne s’est terminée qu’à midi, et par quelle chaleur ! Comme presque toujours, nos dispositions d’attaque étaient deux mouvements tournants aidant une attaque centrale. Avec les Hovas, cette tactique réussit infailliblement ; ils savent choisir d’excellentes positions défensives et les fortifier avec des épaulements et des retranchements, derrière lesquels ils tiennent assez bien ; mais dès