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voisins d’outre-mer ; il avait pu ainsi prendre sa collection complète de clichés sans être inquiété, jusqu’au jour où dénoncé par un confrère, un vrai Anglais celui-là, il avait été obligé de quitter précipitamment la ville. Heureusement, disait-il, il avait pu, avant de partir, mettre tous ses clichés en lieu sûr et il comptait bien les retrouver intacts après l’entrée de nos troupes dans Tananarive. Quant à lui, il n’avait emporté en se sauvant qu’un peu d’argent dissimulé de son mieux, et quelques vivres. Naturellement, il était parti dans la direction d’Andriba en prenant des précautions pour ne pas se laisser voir ; il calculait que le Corps expéditionnaire ne devait plus être loin maintenant, et il espérait le rejoindre avant d’avoir épuisé ses provisions de bouche. Mais il ne se doutait pas des difficultés au milieu desquelles il se jetait. Tout d’abord il avait eu beaucoup de peine à éviter les troupes plus ou moins régulières qui battaient la campagne aux environs de la capitale ; puis, à mesure qu’il s’était éloigné de Tananarive, il avait trouvé le désert complet, les Hovas faisant le vide devant l’envahisseur en brûlant les villages, détruisant les récoltes et chassant fort loin les troupeaux de bœufs ; de sorte que, quand il avait été au bout de ses vivres, il s’était vu dans l’impossibilité de les renouveler. Pour comble de malheur, il avait rencontré à deux reprises différentes des bandes de Fahavalos qui l’avaient brutalement dépouillé de tout ce qu’il portait sur lui ; c’était miracle qu’il se fût échappé vivant de leurs mains. Mourant de soif et de faim, il s’était traîné sur le sentier par où il pensait que nous devions arriver, jusqu’au moment où il était tombé, incapable de faire un pas de plus. Quand Henri