Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/246

Cette page n’a pas encore été corrigée

non loin de la tombe où reposaient déjà Michel Berthier et sa femme. Le père lut les dernières prières, puis il bénit le corps et jeta la pelletée de terre, dont l’écho retentit sinistrement au cœur de tous.

Agenouillée dans l’herbe, Marguerite sanglotait, la tête entre ses mains ; la triste cérémonie réveillait en elle une source de chagrin qui n’avait pas encore eu le temps de tarir.

Cependant, les bourjanes s’étant écartés sur un signe du lieutenant, les autres assistants s’approchèrent, et, au milieu d’un silence émouvant, l’officier prononça quelques paroles d’adieu :

« Victor Nicole, tu as été un bon soldat, un fidèle et dévoué serviteur de ton pays. Repose en paix dans le repos éternel ; car c’est pour le service de la France que tu as souffert et que tu es mort. Tu emportes dans la tombe l’estime de tes chefs, l’affection de tes camarades et celle des généreuses personnes qui ont entouré de soins touchants les dernières journées de ta vie. Victor Nicole, au nom de ta famille absente, au nom de tes camarades du Corps expéditionnaire, je te salue et je te dis : Adieu ! »

A tour de rôle, Marguerite, Daniel, le docteur Hugon et les malades défilèrent en jetant l’eau bénite sur le cercueil. La fosse fut ensuite comblée, et par-dessus on entassa les couronnes qui formèrent un tertre de fleurs et de verdure. Puis tout le monde reprit le chemin de l’ambulance, lentement et tristement, par petits groupes.