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deux à deux par les poignets et changeant d’épaule de temps en temps comme pour un filanzane, en faisant passer les brancards par-dessus leur tête. Encadrant ce groupe, huit malades en tenue de service, l’arme basse, rendaient les honneurs. Immédiatement derrière le cercueil, deux camarades de Nicole au 200e conduisaient le deuil, portant chacun une couronne plus grande que les autres ; puis, s’appuyant sur sa canne, un lieutenant du Génie, très faible encore, s’avançait, suivi de tous les autres malades, et c’était un spectacle poignant que celui de ces pauvres gens, pâles, minés par la fièvre, se traînant péniblement sur leurs jambes chancelantes, et qui semblaient se demander si ce ne serait pas bientôt leur tour de suivre ce même chemin sur les épaules des quatre bourjanes.

Derrière enfin venaient Marguerite, entre son oncle et le docteur Hugon ; et bon nombre d’habitants du village, attirés par la curiosité et la solennité du spectacle.

Au commandement du lieutenant, le cortège s’arrêta devant une fosse creusée à l’avance par les soins de Daniel,