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Quant à l’état sanitaire de notre avant-garde, il s’améliore sensiblement, à mesure que nous approchons des hautes régions. Pendant le jour, le soleil est encore très dur, mais les nuits sont fraîches, trop fraîches plutôt ; tentes, couvertures, vêtements, tout est insuffisant à certaines heures pour empêcher l’humidité de percer jusqu’à l’épiderme ; de sorte que l’on se surprend à souhaiter impatiemment le retour de ce soleil qu’on a tant maudit pendant le jour, pour réchauffer doucement ses rotules trempées et ses épaules endolories. En somme, nos meilleurs moments sont de sept à neuf heures le matin, et le soir de quatre heures et demie à six.

Personnellement je continue à me défendre énergiquement contre la fièvre, qui ne laisse pas d’exercer encore quelques ravages autour de moi. Avec force tasses de thé, quelques bonnes pilules de chlorhydrate de quinine tous les matins et de temps en temps un petit vomitif, ou même un petit purgatif bénin, bénin… on s’en tire encore. Mais tout le monde, malheureusement, n’est pas aussi raisonnable. Il ne manque pas de camarades pour déclarer que c’est encore moins ennuyeux d’être malade que de se soigner : quand ils se sentent pincés, ils se couchent et attendent patiemment la fin de l’accès, après quoi ils vont se promener. Mais, pour traiter la fièvre de cette façon cavalière, il faut avoir le cœur bien accroché et ne pas se laisser anémier. Heureusement, le moral est toujours solide, d’autant plus que la phase la plus mauvaise de la campagne, celle du stationnement, est passée. Rien de décourageant, en effet, rien qui pousse plus à l’affalement, que cette inaction exaspérante où trop longtemps on a dû nous laisser. Jamais