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un nouveau Général en chef, nommé Rainianjanoro, un simple tsiarondaly – esclave de la couronne, – ce qui ne l’empêche pas d’être 12e honneur ; on le dit intelligent et énergique, et on ajoute qu’il jouit d’un grand ascendant sur ses troupes ; nous verrons bien ; quand même il aurait personnellement quelques qualités de commandement, je le défie de donner un peu de cohésion à l’armée hova, recrutée parmi de pauvres diables plus faits pour manier la bêche que le fusil à tir rapide. Jusqu’à présent nous en sommes encore à attendre l’occasion de prendre un contact sérieux avec ces singuliers soldats qui n’ont d’autre préoccupation que de ne pas être coupés de leur ligne de retraite. Nos hommes sont enragés de ne jamais pouvoir se venger sur la peau jaune de ces Hovas, qui fuient sans cesse devant eux, de toutes les souffrances qu’ils ont endurées. Le matin, quand les clairons sonnent le boute-selle, ils croient toujours qu’ils vont aller au feu et ce sont des cris de joie : « A Tananarive ! à Tananarive ! » Que ne pourrait-on entreprendre avec de tels soldats ! Et quel malheur d’être obligé de les laisser se consumer dans l’inaction ! On assure que c’est à Babay que nos soldats se mesureront avec l’armée régulière de Ranavalo, laquelle armée comprendrait dix mille hommes. Ces dix mille hommes, Rainilaïarivony les encadrerait de tous les Hovas en état de porter les armes, dans l’espérance que la vue seule de ces masses profondes suffirait pour jeter l’épouvante au cœur de nos braves troupiers. M’est avis que le cher homme se fait encore de grosses illusions, s’il se flatte de nous empêcher d’entrer à Tananarive avec cette horde de va-nu-pieds armés de fusils à pierre et de sagaies.