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une alimentation insuffisante et peu variée et, pour se remettre des marches forcées sous un soleil de plomb, que des nuits sans sommeil dans des tentes où la chaleur n’était guère moins suffocante. La 2e brigade au contraire avait beaucoup moins souffert ; elle formait une troupe superbe. Son chef, le général Voyron, un des plus jeunes généraux de l’armée, avait fait toute sa carrière dans l’Infanterie de marine en Cochinchine, à la Nouvelle-Calédonie, au Tonkin : très actif, très vigoureux, très alerte, il avait en plus un don aussi précieux que rare, celui de se faire aimer du soldat.

Le Général en chef l’attendait, disait-on, pour attaquer la dernière partie de la marche sur Tananarive. Le bruit commençait en effet à courir que, renonçant à pousser la route plus loin qu’Andriba, le général Duchesne allait concentrer sur ce point de grands approvisionnements en vivres et en matériel, et organiser une colonne légère avec les éléments les plus vigoureux et les plus résistants, pour franchir sans arrêt prolongé les cent quarante-cinq kilomètres qui séparent Andriba de la capitale hova. Ce petit corps d’armée, auquel serait réservé l’honneur de planter le drapeau de la France au cœur de l’Imerina, compterait de trois mille cinq cents à quatre mille hommes, forces très suffisantes pour faire face aux masses plus ou moins bien armées que le gouvernement malgache tenait rassemblées, disait-on, aux environs de Tananarive. Au surplus, la contrée à travers laquelle la colonne allait avoir à se mouvoir était salubre, et ne réservait pas à nos soldats les mêmes fatigues ni les mêmes dangers que les régions traversées depuis Majunga.

En attendant, le mouvement sur Andriba se prononçait