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donner à sa manifestation un caractère pittoresque et amusant.

Comme toujours, la revue des troupes fut le clou de la journée. On aurait pu difficilement d’ailleurs imaginer une cérémonie plus émouvante dans sa simplicité. Certes les uniformes manquaient un peu de brillant, mais la tenue de campagne, sensiblement défraîchie, des hommes qui défilèrent devant le Général en chef avait bien son éloquence. L’allure crâne de nos troupiers, auxquels leur barbe de trois mois et leur visage hâlé donnaient l’air de vieux soldats, faisait plaisir à voir. Malgré l’absence à peu près complète de la musique (celle du 200e ayant dû être dissoute, la plupart des musiciens étant anémiés par la fièvre ; et celle du 40e bataillon de Chasseurs à pied étant à Tsarasaotra avec le bataillon), le défilé, sonné uniquement par les trompettes du régiment d’artillerie, n’en marcha pas moins très bien. Avec leur blouse de toile bise et leurs grandes guêtres bleues, les Tirailleurs s’avancèrent dans un ordre parfait ; la tenue des Chasseurs d’Afrique était également superbe. Le défilé des pièces de montagne à dos de mulet et celui du train avec les bêtes tenues en bride par les agiles et robustes conducteurs sénégalais – ceux de tous les coolies qui résistaient le mieux et faisaient le meilleur service – furent très curieux à voir.

Le déjeuner qui suivit la revue des troupes fut d’autant plus gai qu’en l’honneur de la solennité du jour l’ordinaire avait été plus soigné, grâce aux distributions supplémentaires de vin et de café.

Après la sieste de rigueur, les hommes se répandirent dans le camp pour prendre leur part des réjouissances variées