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en fer, on n’aurait jamais pu créer ces centres d’approvisionnements – ces biscuits-villes, comme on les appelle dans l’argot militaire – qui permettront quand il ne s’agira plus que d’une marche forcée, d’un raid, de quinze à vingt jours, d’aller rapidement de l’avant rien qu’avec le petit nombre de porteurs et de mulets à bât dont nous pouvons disposer. Le véritable inconvénient de ces voitures, c’est qu’elles ont nécessité l’établissement de cette maudite route, qui nous a causé tant de retard et coûté tant de monde.

— Si encore on n’y avait employé que les contingents d’Algérie et du Sénégal, les tirailleurs sakalaves, les soldats de la Légion étrangère et les Haoussas, tous gens habitués aux températures tropicales ! Quant aux troupes européennes, il aurait fallu leur faire traverser rapidement les parties basses et torrides de l’Ile, et les envoyer le plus vite possible sur les plateaux salubres de l’Imerina. On aurait ainsi sauvé la vie et la santé à un nombre considérable d’hommes.

— Peut-être, mais il faut dire que nos soldats sont beaucoup trop jeunes pour la plupart et offrent peu d’endurance au climat. C’est surtout pour cette raison que le pauvre 200e a été si cruellement éprouvé, tandis que le 13e d’Infanterie de marine, par exemple, est plein d’entrain et de vigueur, grâce à la forte proportion de ses rengagés, qui est au moins du tiers dans le rang, et grâce aussi à l’expérience acquise par ses officiers et par ses hommes dans de précédentes expéditions coloniales ; car, le plus souvent, c’est à l’imprudence et à l’insouciance incroyable des soldats qu’on doit les accidents qui surviennent, et même les attaques de fièvre ou de dysenterie.