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régions pour détourner les indigènes d’accepter nos propositions, l’insuccès fut à peu près complet ; à peine pûmes-nous en recruter quelques centaines, au lieu des vingt ou vingt-cinq mille dont nous avions besoin.

— C’est comme pour les mulets, alors ?

— Pour les mulets, il nous en aurait fallu presque autant en effet, plus les conducteurs. Au reste, ces animaux n’auraient pas rendu sans doute les services qu’on attendait d’eux, par la raison qu’il leur faut, surtout dans ce pays, une nourriture assez abondante, et qu’ils n’auraient pu porter par suite grand’chose, en plus de leur provision d’orge pour huit jours. Il est démontré, d’autre part, qu’un convoi de sept à huit cents mulets, suivant un chemin aussi étroit que les sentiers de l’intérieur de l’île, aurait défoncé à tel point ce chemin qu’il serait devenu ensuite impraticable aux hommes de troupe. La création d’une route s’imposait donc, si coûteuse qu’elle pût être ; et l’on ne saurait nier qu’elle nous donne d’excellents résultats, puisque les voitures Lefebvre…

— Ah ! oui, les fameuses voitures Lefebvre ! Partons-en !

— Bon ! vous voilà comme les autres, comme les journaux de Paris qui semblent avoir pris ces malheureuses voitures pour tête de Turc. Il est certain, je suis le premier à le reconnaître, que les voitures Lefebvre manquent de solidité, surtout en ce qui concerne la jonction des brancards avec la caisse ; elles ont été évidemment construites avec trop de hâte ; peut-être aussi s’est-on montré trop indulgent dans la réception du travail. Mais voilà, on était pressé, on n’avait plus de temps à perdre. Quoi qu’il en soit, sans ces voitures légères à deux roues, tout