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un tirant d’eau suffisant pour porter les chalands. Ce sont là des erreurs assez malaisées à éviter quand on doit manœuvrer en pays à peu près inconnu. C’est comme les itinéraires établis théoriquement à la suite des reconnaissances effectuées avant l’ouverture des opérations ; pouvaient-ils nous édifier sur toutes les difficultés de la marche en avant, quelque soigneusement qu’ils aient été faits d’ailleurs ? Le pays est extrêmement accidenté, coupé fréquemment de profonds ravins, puis se relevant par une succession de crêtes rocheuses très difficiles à aborder. Pour s’avancer à travers tant d’obstacles, il fallait des troupes comme les nôtres, d’une endurance et d’un dévouement supérieurs à tout ce qu’on peut imaginer. Quant à la route qui nous a coûté si cher et causé tant de retards, sa seule excuse est qu’elle était absolument indispensable. Vous qui connaissez le pays, vous savez mieux que personne qu’autre chose est de suivre, à quelque vingt, ou trente, ou même cent hommes, si vous voulez, un sentier de caravane, seule piste qui existât antérieurement, ou de faire avancer quinze mille soldats, sans parler de l’artillerie, des munitions, des approvisionnements de tout genre.

— Il fallait vous assurer à l’avance un nombre suffisant de porteurs indigènes.

— On a fait ce qu’on a pu. Une commission spéciale, composée de deux officiers et d’un fonctionnaire civil, a été envoyée en temps opportun sur la côte orientale d’Afrique pour recruter des Somalis et autres indigènes en quantité suffisante. Seulement, pour plusieurs raisons, notamment parce que très probablement certaines puissances européennes avaient usé de leur influence dans ces