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d’ailleurs la moindre émotion ; puis, au signal donné par l’adjudant Lafont, de la 8e compagnie du 200e, en baissant son épée, une détonation très forte mais unique, celles des six pelotons s’étant mêlées et confondues ; les six sergents se portant ensuite à côté des condamnés et leur tirant dans l’oreille le coup de grâce ; et enfin, sur une dernière sonnerie de clairon, les troupes défilant devant les six cadavres et regagnant leur cantonnement. C’est alors seulement que Naïvo s’était décidé à se retirer à son tour pour venir me rendre compte de l’exécution.

Quoi qu’il en soit, voilà donc la mort de notre père vengée, en partie du moins ; car si les principaux assassins ont expié leur crime, celui qui l’a inspiré, l’odieux gouverneur du Boueni, Ramasombazah, est encore vivant et libre. Mais j’ai le ferme espoir qu’il n’échappera pas non plus au juste châtiment qui lui est dû.

Que te dirais-je maintenant, ma chère Marguerite ? Tu es informée sans doute des faits et gestes du Corps expéditionnaire ; il est probable même que tu en sais plus que moi sur ce sujet ; car à l’avant-garde, nous ignorons absolument tout ce qui se passe en arrière de nous. Ce que je puis te dire c’est que nous avançons toujours, lentement mais sûrement. Le général Duchesne, en homme conscient de la responsabilité qu’il a assumée, ne laisse rien au hasard, et ne fait pas un pas en avant qu’il n’ait assuré ses communications et ses approvisionnements.

Tu n’es pas sans savoir non plus que le plan primitif de la campagne a dû être refait de fond en comble et l’itinéraire dressé dans les bureaux de la Guerre entièrement modifié. Au lieu de couper au plus court, comme