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ordre de procéder à son interrogatoire. Il commença par vouloir m’éblouir en me déclarant d’un ton emphatique qu’il était très riche, qu’il possédait un trésor de deux cent mille piastres et un nombre incalculable d’esclaves et de bœufs ; puis, pressé par mes questions, il se défendit comme un beau diable d’avoir trempé dans les brigandages qui lui étaient reprochés, et rejeta toute la responsabilité desdits brigandages sur un autre chef, nommé Bako, et sur les Fahavalos. J’eus beau le tourner et le retourner dans tous les sens, le rusé compagnon ne sortit pas de là ; et, bien que son intervention directe ne fît point de doute pour moi, il me fut impossible de l’établir. Force fut donc de le laisser bénéficier du défaut de preuves formelles ; toutefois on le retint enfermé sous bonne garde. En même temps on envoyait à Marolambo saisir Bako ; celui-ci protesta également de son innocence, mais il déclara connaître les coupables, et désigna des villages où ils avaient amené quelques femmes et un grand nombre de bœufs ; il s’offrait même à aller lui-même chercher les femmes et les troupeaux de bœufs. On le prit au mot, et on l’envoya, flanqué d’une escorte respectable, dans les villages en question ; les voleurs avaient déguerpi bien entendu quand on y arriva, mais on trouva les femmes et les bœufs, et on les ramena au camp. Sur ces entrefaites, Salima, continuant ses révélations, m’avoua qu’il connaissait une bande de Sakalaves et de Fahavalos qui pillaient la région du bas Betsiboka. Cette fois, je demandai à me charger moi-même de l’opération. Je pris avec moi quelques bons tireurs de la 8e compagnie du 200e et j’allai reconnaître consciencieusement les bords du fleuve ; je surpris trois chefs de Fahavalos à l’entrée d’