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C’est ainsi que Marguerite ne reçut que vers la fin de juillet la lettre suivante, que son frère lui avait adressée du camp d’Ankaboka dans les premiers jours de juin :


Ma chère Marguerite,

Une grande nouvelle, tout d’abord. Les principaux assassins de notre père sont tombés entre nos mains par une suite de circonstances vraiment merveilleuses et ils viennent d’expier leur crime. Dès aujourd’hui une partie de la tâche que je m’étais fixée se trouve donc accomplie ; mais j’espère bien ne pas m’en tenir là et venger plus complètement encore la mort du meilleur et du plus tendre des pères.

Voici maintenant quelques détails sur cette extraordinaire aventure. Tu sais que par ma fonction je suis chargé plus particulièrement d’interroger les Hovas et les Sakalaves qui tombent entre nos mains. A la fin de mai, des faits de brigandage s’étant multipliés dans la région d’Ankaboka, le général Duchesne voulut faire un exemple et donna l’ordre d’aller saisir chez lui Salima, roi des Sakalaves, véhémentement soupçonné d’avoir provoqué, ou tout au moins favorisé, les meurtres et les pillages dont ses sujets s’étaient rendus coupables. Il faut te dire que ce madré personnage, presque aussitôt après le débarquement du général Metzinger à Majunga, était venu en grand tralala faire sa soumission et protester de son dévouement à la France ; après quoi, la conscience tranquille, il était retourné chez lui et avait repris ses petites habitudes, c’est-à-dire qu’il s’était livré ouvertement, ou sous main, aux exactions de tout genre, vols, pillages, etc., dont il tire le plus clair de ses ressources. Le drôle