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— Ah ! tu as ton affaire ?

— Oui, oui, le meilleur des administrateurs, l’administrateur idéal.

— Au moins, peut-on savoir… ?

— Et qui pourrait-ce être, sinon vous, le plus charitable et le plus généreux des hommes, avec vos vilains airs bougons ? » s’écria la jeune fille, en se jetant au cou de son oncle.

Puis, sans laisser au vieux Daniel, complètement ahuri, le temps de se remettre, elle ajouta :

« Oui, oui, je vous connais mieux que personne, mieux que vous-même ; et c’est pour cela que je vous aime, malgré vos gros sourcils froncés. Vous avez beau toujours gronder, je sais parfaitement que non seulement vous n’avez jamais dévoré personne, mais que bien au contraire vous seriez plutôt homme à empêcher les gens d’être dévorés. Est-ce que vous n’avez pas été le premier, après avoir crié comme un sourd contre la façon dont l’expédition avait été préparée et engagée, à courir à Majunga vous mettre à la disposition du Général, vous, vos bâtiments, votre personnel et tous les Comoriens, les Somalis et les Makoas que vous aviez pu recruter autour de vous ? Et maintenant, monsieur mon oncle, voyons si vous aurez le courage de me dire en face que vous refusez d’être le directeur, l’administrateur, l’économe, le factotum, le vrai maître en un mot de notre ambulance. »

Le vieux Daniel adorait sa nièce et, si parfois il lui résistait, il n’en finissait pas moins par faire ce qu’elle voulait. Il est vrai qu’elle était adorable, cette petite Marguerite, et que jamais elle ne voulait que des choses bonnes et généreuses. Attendri par le touchant emballement