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de toutes pièces avec des volontaires pris dans divers régiments, il était à Bayonne, à la tête du 49e de ligne. Au moment de partir pour rejoindre son nouveau poste, il avait consulté le médecin-major de son régiment, qui lui avait répondu :

« Mon colonel, c’est la vérité que vous me demandez ? Mon devoir est de vous la dire. Dans l’état de santé où vous vous trouvez, partir pour une campagne aussi pénible que sera celle de Madagascar, c’est aller volontairement au-devant de la mort.

— J’ai été choisi sur mes notes par le général Duchesne, avait répliqué le colonel. Je ne puis refuser un poste d’honneur. C’est mon devoir que j’accomplis. Advienne que pourra ! »

Le médecin-major du 49e n’avait que trop raison. Dès le départ de Marseille et surtout pendant la traversée de la mer Rouge, l’état du colonel s’était sensiblement aggravé ; et lorsque l’Uruguay, à bord duquel il se trouvait, arriva à Majunga, le malheureux officier débarqua dans de bien mauvaises conditions pour résister efficacement aux inévitables épreuves de l’acclimatement. Malgré cela, tout entier à ses devoirs de chef, il se prodigua pour entraîner ses hommes, organisant dans tous ses détails la marche du régiment vers l’intérieur, surveillant lui-même l’installation des campements et leur ravitaillement. Bien qu’épuisé par la dysenterie, il ne voulut laisser à personne le soin de conduire son cher régiment à Marovoay et prit une part brillante aux opérations ; mais il avait trop présumé de ses forces : vaincu par le mal, il dut entrer à l’infirmerie volante organisée dans le Rova même de Marovoay. Refusant encore